Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/466

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se disposoient au sommeil, elle est entierement dans la verité de l’imitation. Il est vrai-semblable qu’elle puisse produire l’effet pour lequel la poësie du musicien la destine. Le sentiment nous enseigne d’abord qu’elle est très-propre à calmer les agitations de l’esprit, et comme une discussion bien faite justifie toûjours le sentiment, nous trouvons en l’examinant par quelles raisons elle est si propre à faire l’impression que nous avons déja sentie. Ce n’est point le silence qui calme le mieux une imagination trop agitée. L’expérience et le raisonnement nous enseignent qu’il est des bruits beaucoup plus propres à le faire, que le silence même. Ces bruits sont ceux, qui comme celui de Logistille, continuent long-temps dans un mouvement presque toûjours égal, et sans que les sons suivans soient beaucoup plus aigus ou plus graves, beaucoup plus lens ou plus vites que les sons qui les précedent, de maniere que la progression du chant se fasse le plus souvent par les intervalles moindres. Il semble que ces bruits qui ne s’accelerent ou ne se retardent, quant à l’intonnation et quant au mouvement, que suivant une proportion