Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/467

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lente et uniforme, soient plus propres à faire reprendre aux esprits ce cours égal, dans lequel consiste la tranquillité, qu’un silence qui les laisseroit suivre le cours forcé et tumultueux, dans lequel ils auroient été mis. Un homme qui parle long-temps sur le même ton, endort les autres, et la preuve que leur assoupissement vient de la continuation d’un bruit qui se soûtenoit toûjours à peu près le même, c’est que l’auditeur se réveille en sursaut, si l’orateur cesse tout-à-coup de parler, ou s’il lui arrive de faire quelque exclamation sur un ton beaucoup plus haut que le ton sur lequel il déclamoit auparavant. On voit tous les jours des personnes travaillées d’insomnie, ne pouvoir s’endormir qu’au bruit d’une lecture ou d’une conversation. Dès que le bruit cesse, elles se réveillent. Il est donc une vrai-semblance en symphonie comme en poësie. Comme le poëte est assujetti dans ses fictions à se conformer à la vérité de convenance, de même le musicien doit se conformer à cette verité dans la composition de ses symphonies. Je m’explique. Les musiciens composent souvent des symphonies pour exprimer des bruits que nous

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