Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/470

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Enfin ces symphonies qui nous semblent si belles, quand elles sont emploïées comme l’imitation d’un certain bruit, nous paroîtroient insipides, elles nous paroîtroient mauvaises, si l’on les emploïoit comme l’imitation d’un autre bruit. La symphonie de l’opera d’Issé dont je viens de parler sembleroit ridicule, si l’on la mettoit à la place de celle du tombeau d’Amadis. Ces morceaux de musique qui nous émeuvent sensiblement, quand ils font une partie de l’action théatrale, plairoient même médiocrement, si l’on les faisoit entendre comme des sonates, ou des morceaux de symphonies détachez, à une personne qui ne les auroit jamais entenduës à l’opera, et qui en jugeroit par conséquent sans connoître leur plus grand mérite, c’est-à-dire, le rapport qu’elles ont avec l’action, où, pour parler ainsi, elles joüent un rôle. Les premiers principes de la musique, sont donc les mêmes que ceux de la poësie et de la peinture. Ainsi que la poësie et la peinture, la musique est une imitation. La musique ne sçauroit être bonne, si elle n’est pas conforme aux regles generales de ces deux

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