Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/491

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vers dont la beauté consiste dans des images, quoiqu’elle en émousse la force en rallentissant leur prononciation. Un bon poëte lyrique, quelque riche que sa veine puisse être, ne mettra gueres dans ses ouvrages de vers pareils à ceux de Corneille que j’ai citez. Ainsi le reproche qu’on faisoit à Monsieur Quinault quand il composa ses premiers opera, que ses vers étoient dénuez de ces images et de ces peintures qui font le sublime de la poësie, se trouve un reproche mal fondé. On comptoit pour un défaut dans ses vers ce qui en faisoit le mérite. Mais on ne connoissoit pas encore en France en quoi consiste le mérite des vers faits pour être mis en musique. Nous n’avions encore composé que des chansons, et comme ces petits poëmes ne sont destinez qu’à l’expression de quelques sentimens, ils n’avoient pas donné lieu à faire sur la poësie lyrique les observations que nous avons pû faire depuis. Dès que nous avons eu fait des opera, l’esprit philosophique, qui est excellent pour mettre en évidence la vérité, pourvû qu’il chemine à la suite de l’expérience, nous a fait trouver que les vers les plus remplis d’images, et

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