Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/494

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SECTION XLVIII.

Des estampes & des poëmes en prose.


Je comparerois volontiers les estampes, où l’on retrouve tout le tableau, à l’exception du coloris, aux romans en prose, où l’on retrouve la fiction et le stile de la poësie. Ils sont des poëmes à la mesure & à la rime près. L’invention des estampes et celle des poëmes en prose, sont également heureuses. Les estampes multiplient à l’infini les tableaux des grands maîtres. Elles mettent à portée d’en joüir, ceux que la distance des lieux condamnoit à ne les voir jamais. On voit de Paris par le secours d’une estampe, les plus grandes beautez que Raphaël ait peintes sur les murs du vatican. Un particulier peut même mettre dans son cabinet, tout l’esprit & toute la poësie qui sont dans des chef-d’œuvres, dont les beautez sembloient reservées pour les cabinets des princes, ou de ceux qui se sont rendus aussi riches qu’eux en maniant leurs finances. De même nous avons