Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/495

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

p485

l’obligation à la poësie en prose, de quelques ouvrages remplis d’avantures vrai-semblables et merveilleuses à la fois, comme de préceptes sages et praticables en même-temps, qui n’auroient peut-être jamais vû le jour, s’il eut fallu que les auteurs eussent assujetti leur génie à la rime et à la mesure. Les auteurs de la princesse De Cleves et de Telemaque, ne nous auroient peut être donné jamais ces ouvrages, s’ils avoient dû les écrire en vers. Il est de beaux poëmes sans vers, comme il est de beaux vers sans poësie, et de beaux tableaux sans un riche coloris. Qu’on ne dise point que c’est la partie du coloris qui constituë le peintre, et qu’on n’est peintre qu’autant qu’on sçait colorier. C’est alléguer pour preuve une question que je crois même devoir demeurer sans décision. Expliquons-nous.