Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/503

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
493
sur la Poësie & sur la Peinture.

tion antique. Tel étoit le groupe d’Alexandre blessé et soûtenu par des soldats, dont le pasquin et le torse de Belveder sont des figures. Pour parler de la sculpture moderne, tels sont le tombeau du cardinal De Richelieu, et l’enlevement de Proserpine par Girardon, la fontaine de la place Navonne, et l’extase de sainte Therese par Le Bernin, comme le grand bas-relief de l’Algarde qui représente saint Pierre et saint Paul en l’air ménaçants Attila, qui venoit à Rome pour la saccager. Ce bas-relief sert de tableau à un des petits autels de la basilique de saint Pierre. Je ne sçais point même s’il ne faut pas plus de génie pour tirer du marbre une composition pareille à celle de l’Attila, que pour la peindre sur une toile. En effet, la poësie et les expressions en sont aussi touchantes que celle du tableau où Raphaël a traité le même sujet, et l’execution du sculpteur, qui semble avoir trouvé le clair-obscur avec son cizeau, me paroît d’un plus grand mérite que celle du peintre. Les figures qui sont sur le devant de ce superbe morceau sont isolées. Elles sont de véritables statuës. Celles qui sont derriere ont moins de relief, et leurs traits sont plus