Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/506

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qui est à Rome, et que tant de sculpteurs habiles ont prises pour étude. Je ne trouve donc pas que la recompense de l’Algarde, à qui le pape Innocent X donna trente mille écus pour son bas-relief, ait été excessive. Je ferois voir encore que le cavalier Bernin et Girardon, ont mis autant de poësie que lui dans leurs ouvrages, si je ne craignois d’ennuïer mon lecteur. Je ne rapporterai donc de toutes les inventions du Bernin, qu’un trait qu’il a placé dans sa fontaine de la place Navonne, pour exprimer une circonstance particuliere au Nil ; que sa source fut inconnuë, et que, comme le dit Lucain, la nature n’ait pas voulu qu’on put voir ce fleuve sous la forme d’un ruisseau. La statuë qui représente le Nil, et que Le Bernin a rendu reconnoissable par les attributs que les anciens ont assignez à ce fleuve, se couvre la tête d’un voile. Ce trait qui ne se trouve pas dans l’antique, et qui appartient au sculpteur, exprime ingénieusement l’inutilité d’un grand nombre de tentatives, que les anciens et les modernes avoient faites

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