Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/77

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et à des animaux répresentez dans un tableau, que nous n’en donnerions à ces objets mêmes. La copie nous attache plus que l’original. Je répons que, lorsque nous regardons avec application les tableaux de ce genre, notre attention principale ne tombe pas sur l’objet imité, mais bien sur l’art de l’imitateur. C’est moins l’objet qui fixe nos regards que l’adresse de l’artisan ; nous ne donnons pas plus d’attention à l’objet même imité dans le tableau, que nous lui en donnons dans la nature. Ces tableaux ne sont point regardez aussi long-tems que ceux où le merite du sujet est joint avec le merite de l’execution. On ne regarde pas aussi long-tems un panier de fleurs de Baptiste, ni une fête de village de Teniers, qu’un des sept sacremens du Poussin, ou une autre composition historique, executée avec autant d’habileté, que Baptiste et Teniers en font voir dans leur execution. Un tableau d’histoire aussi bien peint qu’un corps de garde de Teniers nous attacheroit bien plus que ce corps de garde. Il faut toujours supposer, comme la raison le demande, que l’art ait réussi également ; car il ne suffit pas que les tableaux soïent