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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/110

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Quand Horace parle sérieusement, il dit, que le jeune homme qui veut se rendre habile, doit être temperant. Petrone, le moins austere des écrivains, exige d’un jeune homme qui veut reussir dans ses études, d’être sobre. Juvenal, en parlant des poëtes de son temps qui composoient de grands ouvrages, dit qu’ils s’abstenoient du vin, même dans les jours que la coutume établie destinoit aux plaisirs de la table. On ne m’accusera pas du moins de citer les jeunes gens, à qui je veux faire le procès, devant des juges trop severes. Enfin, comme le succès ne sçauroit répondre toujours à la précipitation d’un jeune peintre, il peut bien se dégoûter de temps en temps d’un travail laborieux, dont il ne voit pas naître un fruit qui le satisfasse. L’impatience naturelle à cet âge, fait qu’on voudroit moissonner un instant après avoir semé. L’attrait qu’un travail où nous pousse notre génie, a pour nous, aide beaucoup à vaincre ces dégoûts, comme à résister