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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/127

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dont j’ai seulement ramassé quelques traits, mérite d’être lû en entier. Voilà cependant le caractere que les maîtres trouvent de meilleur augure. Je parle des maîtres ordinaires, car si le maître lui-même a du génie, il discernera l’éleve de dix-huit ans qui en aura. Il le reconnoîtra d’abord à la maniere dont il lui verra digerer ses leçons, et aux objections qu’il formera. Enfin il le reconnoîtra, parce qu’il lui verra faire tout ce qu’il faisoit lui-même quand il étoit éleve. C’est ainsi que Scipion L’émilien avoit reconnu le génie de Marius, quand il répondit à ceux qui lui demandoient quel homme séroit capable de commander les armées de la republique, si l’on venoit à le perdre : que c’étoit Marius. Cependant Marius, à peine officier subalterne, n’avoit encore fait aucun exploit, il n’avoit mis encore en évidence aucune qualité qui le rendît digne dès-lors aux yeux des hommes ordinaires d’être le successeur de Scipion. Dès que les jeunes gens sont arrivez au temps où il faut penser de soi-même, et tirer de son propre fonds, la difference qui est entre l’homme de génie et celui qui n’en a pas, se manifeste et devient