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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/128

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sensible à tout le monde. L’homme de génie invente beaucoup, quoiqu’il invente encore mal, et l’autre n’invente rien. Mais, facile est… etc. . L’art qui ne sçauroit trouver de l’eau où il n’y en a point, sçait resserrer dans leurs lits les fleuves qui se débordent. Plus l’homme de génie et celui qui n’en a point, s’avancent vers l’ âge viril, plus la difference qui est entr’eux devient sensible. Il n’arrive à cet égard dans la peinture et dans la poësie, que la même chose qu’on voit arriver dans toutes les conditions de la vie. L’art d’un gouverneur et les leçons d’un précepteur, changent un enfant en un jeune homme : elles lui donnent plus d’esprit qu’on n’en peut avoir naturellement à cet âge. Mais cet enfant, dès qu’il est parvenu dans l’ âge où il faut penser, parler et agir de soi-même, déchoit tout-à-coup de ce mérite précoce. Son été dément toutes les esperances de son printemps. L’éducation trop soigneuse qu’il a reçûë lui devient même nuisible, parce qu’elle lui a été l’occasion de prendre l’habitude dangéreuse de laisser penser d’autres pour lui. Son