Aller au contenu

Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

esprit a contracté une faineantise intérieure qui lui laisse attendre des impulsions exterieures pour se déterminer et pour agir. L’esprit contracte aussi facilement une habitude de paresse que les jambes et les pieds. Un homme qui ne va jamais qu’une voiture ne le mene, est bien-tôt hors d’état de se servir de ses jambes, aussi-bien qu’un homme qui se tient dans l’habitude de marcher. Comme il faut donner la main au premier quand il marche, de même il faut aider l’autre à penser et même à vouloir. Dans l’enfant élevé sans tant de soins, l’interieur s’évertuë de lui-même, et l’esprit devient actif. Il apprend à raisonner et à décider lui-même comme on apprend les autres choses. Il parvient enfin à bien raisonner et à bien prendre son parti, à force de raisonner et de refléchir sur ce qui l’a trompé, lorsque les évenemens lui ont fait voir qu’il avoit mal conclu. Plus un artisan doüé de génie met de temps à se former, plus il lui faut d’expérience pour devenir moderé dans ses saillies, retenu dans ses inventions, et sage dans ses productions, plus il va loin ordinairement. Le midi des jours d’été est plus éloigné du levant que le