Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/144

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amper sur les bords du Tévéron. Les romains ne commencerent d’aimer les vers et les tableaux qu’après avoir transporté le siege de leurs guerres en Grece, en Afrique, en Asie et en Espagne, et quand les batailles que donnoient leurs generaux ne décidoient plus du salut de la republique, mais seulement de sa gloire et de l’étenduë de sa domination. Le peuple romain, comme dit Horace, et post punic… etc. . Les recompenses du souverain viennent à la suite de l’attention des contemporains. S’il distribuë ses faveurs avec équité, elles sont un grand encouragement

pour les artisans, car elles cessent de l’être lorsqu’elles sont mal placées. Il vaudroit mieux même que le souverain ne répandît pas de graces que de les distribuer sans discernement. Un habile homme peut se consoler d’un mépris qui tombe sur son art. Un poëte peut même pardonner de ne point aimer les vers ; mais il est outré de dépit lorsqu’il voit couronner des ouvrages qui ne valent pas les siens. Il est désesperé d’une injustice qui l’humilie personnellement, et il renonce à la poësie