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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/148

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guerres reglées où l’humanité se pratiquoit, souvent avec courtoisie. Une loi du droit des gens de ce temps-là portoit, qu’on ne pouvoit point abbatre le trophée que l’ennemi avoit élevé pour éterniser sa gloire et notre honte. Or, toutes les loix du droit des gens, qui distinguent les combats des hommes des combats des bêtes féroces, s’observoient alors si religieusement, que les rhodiens aimerent mieux élever un bâtiment pour renfermer et pour cacher le trophée qu’Artemise avoit dressé dans leur ville après l’avoir prise, que de le renverser, s’il est permis de parler ainsi, d’un coup-de-pied. Toute la Grece étoit encore pleine d’asyles également respectez des deux partis. Une neutralité parfaite régnoit toujours dans ces sanctuaires, et l’ennemi le plus aigri n’osoit pas y attaquer le plus foible. On peut se faire une idée du peu d’acharnement des combats qui se donnoient entre les grecs par la surprise où Tite-Live nous dit qu’ils tomberent, quand ils virent les armes meurtrieres des romains, et leur acharnement dans la mêlée. Cette surprise fut égale à l’étonnement que les italiens conçurent quand ils virent la maniere dont les françois