Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/154

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ement parlant, avoient enfin sçû se former à la fin du siecle précedent, un gouvernement stable et reglé. On peut dire que les guerres étrangeres qui commencerent alors en Italie par l’expedition de Charles Viii à Naples, ne tourmenterent pas la societé autant que la crainte perpetuelle d’être enlevé quand on alloit à la campagne, par les bandits du scélerat qui s’étoit établi, et comme on le disoit alors, qui s’étoit fait fort

dans un château, ou l’appréhension de voir le feu mis à sa maison dans une émeute populaire. Les guerres qui se faisoient alors semblables à la grêle, ne venoient que par bouffées, et comme ce fleau, elles ne ravagoient qu’une langue de païs. L’art d’épuiser les provinces pour faire subsister les armées sur une frontiere ; cet art pernicieux qui éternise les querelles des souverains, et qui fait durer les calamitez de la guerre long-temps encore après les traitez, de maniere que la paix ne peut recommencer que plusieurs années après que la guerre est finie, n’étoit pas encore inventé. On vit successivement sur le trône deux papes, desireux de laisser des monumens illustres de leur pontificat, et conséquemment obligez à rechercher