Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/172

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n’ont qu’une vogue passagere qu’elles doivent à l’air étranger de l’original, et à l’amour inconsideré que bien des gens ont pour les choses singulieres. La même curiosité qui fait courir après les compatriotes des auteurs de ces écrits lorsqu’ils paroissent en France vêtus à la mode de leur païs, fait lire avec empressement ces traductions quand elles sont nouvelles. Si les brachmanes et les anciens perses avoient eu quelques poëtes du mérite d’Homere, il est à croire que les grecs qui voïageoient pour enrichir leurs bibliotheques, comme d’autres peuples naviguent aujourd’hui pour fournir leurs magazins, se le seroient approprié par une traduction. Un de leurs princes l’eût fait traduire en grec, ainsi qu’on dit qu’un des Ptolomées y fit mettre la bible, quoique ce prince païen ne la regardât que comme un livre que des hommes auroient été capables de composer. Quand les espagnols découvrirent le continent de l’Amerique, ils y trouverent deux grands empires fleurissans depuis plusieurs années, celui du Mexique et celui du Perou. Depuis long-temps on y cultivoit l’art de la