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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/180

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ur talent pour prêcher et pour écrire contre lui, eurent part à ses prodigalitez. Dans les temps dont je parle, les poëtes et les sçavans étoient admis par nos rois à une espece de familiarité. Ils en approchoient avec autant de privauté, ils en étoient aussi-bien accüeillis que les mieux huppez de la cour. Cependant toutes ces graces ni tous ces honneurs ne donnerent point assez d’haleine à personne pour s’élever au haut du parnasse. Tous ces encouragemens ne firent pas beaucoup de fruits dans un païs où un regard affable du souverain suffit pour envoïer vingt personnes de condition affronter gaiement sur une breche la mort la moins évitable. Il est de l’essence d’une cour d’entrer avec ardeur dans tous les goûts de ses maîtres ; et celle de France épousa toujours le goût des siens avec encore plus d’affection que les autres cours. Ainsi je laisse à penser si ce fut par la faute des causes morales qu’il ne se forma point un Moliere ni un Corneille à la cour des Valois ? Terence, Plaute, Horace, Virgile et les autres bons auteurs de l’antiquité, qui ont tant contribué à former les poëtes du dix septiéme siecle, n’étoient-ils pas entre les mains des beaux esprits de la cour