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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/182

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produit trois ou quatre peintres, dont les ouvrages soient bien marquez au coin de l’immortalité. On observera même que les trois peintres françois qui firent un si grand honneur à notre nation sous le regne de Louis Xiv ne devoient rien à ces établissemens. Ils étoient formez avant que ces établissemens fussent faits. En mil six cens soixante et un, ce fut l’année où le roi Louis Xiv prit lui-même les rênes du gouvernement, et où il commença son siecle ; Le Poussin avoit soixante ans, et Le Sueur étoit mort. Le Brun avoit déja quarante ans, et si la magnificence du prince l’a excité à travailler, ce n’est point elle qui l’a rendu capable d’exceller. Enfin la nature que Louis le grand força tant de fois à plier sous ses volontez, a refusé constamment de lui obéïr sur ce point-là. Elle n’a pas voulu produire dans son siecle la quantité d’habiles peintres qu’elle produisit d’elle-même dans le siecle de Leon X. Les causes physiques dénioient leur concours aux causes morales. Ainsi ce prince n’a pû voir en France une école comme celles qui se sont formées subitement en d’autres temps à Rome, à Venise et à Boulogne.