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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/183

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Les dépenses somptueuses de Louis Xiv ne réussirent donc qu’à former une grande quantité de sculpteurs excellens. Comme on est bon sculpteur quand on sçait faire de belles statuës, et comme il n’est pas necessaire pour mériter ce titre, d’avoir mis au jour de ces grands ouvrages dont nous avons parlé dans la premiere partie de nos refléxions, l’on peut dire que la sculpture ne demande point autant de génie que la peinture. Le souverain qui ne sçauroit trouver une certaine quantité de jeunes gens qui puissent, à l’aide des moïens qu’il leur donne, devenir un jour des Raphaëls et des Carraches, en trouve un grand nombre qui peuvent avec son secours devenir de bons sculpteurs. L’école qui n’a pas été formée en des temps où les causes physiques voulussent bien concourir avec les causes morales, enfante ainsi des hommes excellens dans la sculpture et dans la gravure, au lieu de produire des peintres excellens. C’est précisement ce que nous avons vû arriver en France. Depuis le renouvellement des arts, on n’a jamais vû en quelque lieu que ce soit, le grand nombre de sculpteurs excellens, et de bons graveurs en tout genre et en toute