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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/194

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dans les œuvres de plusieurs poëtes françois qui ont écrit avant le temps que je marque, comme l’époque où commence la splendeur de la poësie françoise. Malherbe est inimitable dans le nombre et dans la cadence de ses vers ; mais comme Malherbe avoit plus d’oreille que de génie, la plûpart des strophes de ses ouvrages, ne sont recommandables que par la mécanique et par l’arrangement harmonieux des mots pour lequel il avoit un talent merveilleux. On n’éxigeoit pas même alors que les poësies ne fussent composées, pour ainsi dire, que de beautez contiguës . Quelques endroits brillans suffisoient pour faire admirer toute une piece. On excusoit la foiblesse des autres vers, qu’on regardoit seulement comme étant faits pour servir de liaison aux premiers, et l’on les appelloit, ainsi que nous l’apprenons des mémoires de l’abbé de Marolles, des vers de passage . Il est des strophes dans les œuvres de Desportes et de Bertaut, comparables à tout ce qui peut avoir été fait de meilleur depuis Corneille, mais ceux qui entreprennent la lecture entiere des ouvrages de ces deux poëtes sur la foi de quelques fragmens qu’ils ont entendu