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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/195

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réciter, l’abandonnent bien-tôt. Les livres dont je parle sont semblables à ces chaînes de montagnes, où il faut traverser bien des païs sauvages, pour trouver une gorge cultivée et riante. Nous avions en France une scéne tragique depuis deux cens ans quand Corneille fit le cid. Quel progrès avoit fait parmi nous la poësie dramatique ? Aucun. Corneille trouva notre théatre presque encore aussi barbare qu’il pouvoit l’avoir été sous Louis Xii. La poësie dramatique fit plus de progrès depuis mil six cens trente-cinq jusques en mil six cens soixante-cinq, elle se perfectionna plus en ces trente années-là qu’elle ne l’avoit fait dans les trois siecles précedens. Rotrou parut en même-temps que Corneille, Racine, Moliere et Quinault, vinrent bien-tôt après. Voïoit-on dans Garnier et dans Mairet une poësie dramatique qui se perfectionnât assez pour faire esperer qu’il parût bien-tôt des poëtes du mérite de Corneille et de Moliere ? Quels sont, pour parler ainsi, les ancêtres poëtiques de La Fontaine ? Pour dire quelque chose de nos peintres, Freminet et Vouet, qui travailloient sous Louis Xiii étoient-ils des précurseurs dignes du