Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/202

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qu’une guerre. Le dix-septiéme siecle a été pour l’Italie un temps de repos et d’abondance jusqu’à sa derniere année. Ce fut durant tous les temps dont j’ai parlé, que les venitiens amasserent des sommes immenses en argent monnoïé, et qu’ils firent faire leur fameuse chaîne d’or à laquelle on ajoûtoit tous les ans de nouveaux anneaux. Ce fut alors que Sixte-Quint mit dans le tresor apostolique cinq millions d’écus d’or, que la banque de Genes se remplit, que les grands ducs mirent ensemble de si grosses sommes, que les ducs de Ferrare remplirent leurs coffres, en un mot, que tous ceux qui gouvernoient en Italie, à l’exception des vicerois de Naples et des gouverneurs de Milan, trouvoient après les dépenses courantes et les dépenses faites par précaution, un superflu dans le revenu de chaque année qu’on pouvoit épargner ; voilà le simptôme le plus certain d’un état florissant. Néanmoins ce fut durant ces années de prosperité que les écoles de Rome, de Florence, de Venise, et successivement que celle de Boulogne s’appauvrirent et devinrent dénuées de bons sujets. Comme leur midi s’étoit trouvé fort près de leur levant, leur couchant