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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/209

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autre triomphe, principalement si la victoire avoit été remportée sur un autre peuple que celui sur qui avoit été remportée la victoire, laquelle avoit donné lieu au premier triomphe comme au premier arc. Chaque nation avoit alors ses armes et ses vêtemens particuliers très-connus dans Rome. Tout le monde y sçavoit distinguer le dace, le parthe et le germain, ainsi qu’il y sçavoit distinguer les françois des espagnols il y a cent ans, et quand ces deux nations y portoient encore chacune des habits faits à la mode de son païs. Les arcs triomphaux des anciens étoient donc des monumens historiques, et qui exigeoient une verité historique, à laquelle il étoit contre la bienséance de manquer. Néanmoins on embellit l’arc de Constantin des captifs parthes, et des trophées composez de leurs armes et de leurs dépoüilles enlevez de l’arc de Trajan. C’étoit à eux que Trajan les avoit prises, mais Constantin n’avoit encore rien eu à démêler avec cette nation. Enfin, on orna l’arc avec des bas-reliefs, où tout le monde reconnoissoit et où tout le monde reconnoît encore la tête de Trajan. Il ne faut pas dire que ce fut pour avoir plûtôt fait qu’on