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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/218

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pas tels qu’ils ensevelissent les arts et les sciences. Toutes les guerres n’empêchent pas leurs progrez. Celles-là seulement peuvent être citées comme une des causes de leur décadence qui mettent l’état des particuliers en danger ; celles dans lesquelles il devient esclave de citoïen qu’il étoit auparavant, ou qui le privent du moins de la proprieté de ses biens. Telles étoient les guerres des perses contre les grecs, et celles des barbares du nord contre l’empire romain. Telles sont les guerres des turcs et des chrétiens où le peuple entier court encore de plus grands dangers que ceux où les soldats sont exposez dans les guerres ordinaires. De pareilles guerres anéantissent certainement les arts et les sciences dans les païs qu’elles désolent. Mais les guerres reglées où le peuple ne court d’autre risque que celui de changer de maître, et d’appartenir à un prince chrétien plûtôt qu’à un autre, ne peuvent tout au plus anéantir les arts et les sciences que dans une ville qui seroit assez malheureuse pour être prise d’assaut et saccagée. La terreur que ces guerres répandent, peut tout au plus retarder leurs progrez durant quelques