Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/219

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années, et il paroît même qu’elle ne le fait pas. Je ne sçais par quelle fatalité les arts et les sciences ne fleurissent jamais mieux qu’au milieu de ces guerres. La Grece en essuïa plusieurs dans le siecle de Philippe le pere d’Alexandre Le Grand. Ce fut dans le temps des guerres civiles qui affligerent l’empire romain sous Cesar et sous Auguste que les sciences et les beaux arts firent à Rome de si grands progrez. Depuis mil quatre cens quatre vingt quatorze jusqu’en mil cinq cens vingt-neuf, l’Italie fut presque toujours en proïe à des armées, composées en grande partie de soldats étrangers. Les païs-bas des espagnols, étoient attaquez par la France et par la Hollande lorsque l’école d’Anvers fleurit. N’est-ce pas durant la guerre que les lettres et les arts ont fait en France leurs progrez les plus grands ? On ne trouve donc point, quand on y veut faire sérieusement refléxion, que durant les trois siecles qui suivirent le meurtre de Cesar, l’empire romain ait essuïé aucune de ces guerres affreuses, qui sont capables de faire tomber en décadence les lettres et les beaux arts. Ce ne fut que sous Gallien que les