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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/233

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sa splendeur dans Anvers soixante ans plûtôt. Quand Rubens parut, Anvers avoit perdu la moitié de sa splendeur, parce que la republique de Hollande nouvellement établie, avoit attiré chez elle la moitié du commerce d’Anvers. La guerre étoit aux environs de cette ville, sur laquelle ses ennemis faisoient tous les jours des entreprises qui mettoient en danger l’état des marchands, des ecclesiastiques et de tous les principaux citoïens. Rubens laissa des éleves comme Jordaens et Vandyck, qui font honneur à sa réputation, mais ces éleves sont morts sans disciples qui les aïent remplacez. L’école de Rubens a eu le sort des autres écoles, je veux dire qu’elle est tombée quand tout paroissoit concourir à la soûtenir. Il semble du moins que Quellins, qu’on peut regarder comme son dernier peintre, doive mourir sans éleves dignes de lui. On n’en connoît pas encore, et il n’y a gueres d’apparence qu’il en fasse dans la retraite où il s’est confiné. Après tout ce que je viens d’exposer, il est clair que les arts et les lettres arrivent au plus haut point de leur splendeur par un progrès subit, qu’on ne sçauroit attribuer aux causes morales,