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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/258

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où l’on tient un registre mortuaire , qui fait mention du genre de mort d’un chacun, que de soixante personnes qui se défont elles-mêmes dans le cours d’une année, cinquante se sont portées à cet excès de fureur vers le commencement ou bien à la fin de l’hyver. Il regne alors dans cette contrée un vent de nord-est qui rend le ciel noir, et qui afflige sensiblement les corps les plus robustes. Les magistrats des cours souveraines font en France une autre observation qui prouve la même chose. Ils remarquent qu’il est des années bien plus fertiles en grands crimes que d’autres, sans qu’on puisse attribuer la malignité de ces années à une disette extraordinaire, à une reforme dans les troupes, ni à d’autres causes sensibles. Le grand froid glace l’imagination d’une infinité de personnes. Il en est d’autres dont il change absolument l’humeur. Hommes doux et débonnaires dans les autres saisons, ils deviennent presque féroces durant les fortes gelées. Je n’alleguerai qu’un exemple, mais ce sera celui d’un roi de France, de Henri Iii. Monsieur De Thou, dont je ne ferai que traduire le récit, étoit un homme revétu