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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/291

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Cesars, qu’il n’est pas étonnant que les habitans y soient à present differens de ce qu’ils étoient autrefois. Au contraire, suivant notre systême, il falloit que la chose arrivât ainsi, et que l’altération de la cause altérât l’effet. Premierement, l’air de la ville de Rome, à l’exception du quartier de la trinité du mont et celui du Quirinal, est si mal sain durant le grand été, qu’il ne sçauroit être supporté que par ceux qui s’y sont habituez peu à peu, et comme Mithridate s’étoit accoutumé au poison. Il faut même renouveller toutes les années l’habitude de supporter la corruption de l’air en commençant à le respirer dès les premiers jours de son altération. Il est mortel pour ceux qui le respirent pour la premiere fois quand il est déja corrompu. On est aussi peu surpris de voir mourir celui qui en arrivant de la campagne, loge dans les endroits où l’air est corrompu, et même ceux qui dans ce temps-là y viendroient habiter des endroits de la ville où l’air demeure sain, que de voir mourir l’homme qu’un boulet de canon a touché. La cause de cette corruption de l’air nous est même connuë. Rome étoit percée autrefois sous terre, comme sur terre,