Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/293

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devient tellement infectée, que lorsqu’il arrive aux fouilleurs d’ouvrir en creusant un de ces canaux, la puanteur et l’infection qui s’en exhalent, leur donnent souvent des maladies mortelles. Ceux qui ont osé manger des poissons qu’on y trouve quelquefois, ont presque tous païé de leur vie une curiosité témeraire. Or, ces canaux ne sont pas si avant sous terre, que la chaleur qui est très-grande à Rome durant la canicule, n’en éleve des exhalaisons empestées, qui s’échappent d’autant plus librement que les crévasses des voûtes ne sont bouchées qu’avec des décombres et des gravas qui font un tamis bien moins serré que celui d’un terrain naturel ou d’un sol ordinaire. Secondement, l’air de la plaine de Rome, qui s’étend jusqu’à douze lieuës dans les endroits où l’Appennin se recule le plus de cette ville, réduit durant les trois mois de la grande chaleur les naturels mêmes du païs qui doivent y être accoutumez dès l’enfance, en un état de langueur incroïable à ceux qui ne l’ont pas vû. En plusieurs cantons les religieux sont obligez à sortir de leurs convents pour aller passer ailleurs la saison de la canicule. Enfin l’air