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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/333

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sujettes à faire souvent un mauvais rapport par les raisons que nous exposerons. Elles obscurcissent donc la verité, de maniere que le public reste durant un temps dans l’incertitude ou dans l’erreur. Il ne sçait pas précisément quel titre mérite l’ouvrage nouveau défini en general. Le public demeure indécis sur la question, s’il est bon ou mauvais à tout prendre, et il en croit même quelquefois les gens du métier qui le trompent, mais il ne les croit que durant un temps assez court. Ce premier temps écoulé, le public apprétie un ouvrage à sa juste valeur, et il lui donne le rang qu’il mérite, ou bien il le condamne à l’oubli. Il ne se trompe point dans cette décision, parce qu’il en juge avec désinteressement, et parce qu’il en juge par sentiment. Quand je dis que le jugement du public est désinteressé, je ne prétens pas soutenir qu’il ne se rencontre dans le public des personnes que l’amitié séduit en faveur des auteurs, et d’autres que l’aversion prévient contr’eux. Mais elles sont en si petit nombre par comparaison aux juges désinteressez, que leur prévention n’a gueres d’influence dans le suffrage general. Un peintre, et encore