Aller au contenu

Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

leurs arts, mais qui sont capables néanmoins de donner des décisions sur l’effet d’un ouvrage composé pour toucher les hommes, parce qu’elles sont doüées d’un naturel très-sensible. Souvent elles ont décidé avant que d’avoir parlé et même avant que d’avoir pensé à faire une décision. Mais dès que les mouvemens de leur cœur qui opere mécaniquement, viennent à s’exprimer par leur geste et par leur contenance, elles deviennent, pour ainsi dire, une pierre de touche qui donne à connoître distinctement si le mérite principal manque ou non dans l’ouvrage qu’on leur montre ou qu’on leur lit. Ainsi quoique ces personnes ne soient point capables de contribuer à la perfection d’un ouvrage par leur avis, ni même de rendre methodiquement raison de leur sentiment, leur décision ne laisse pas d’être juste et sûre. On sçait plusieurs exemples de ce que je viens d’avancer, et que Malherbe et Moliere mettoient même leurs servantes de cuisine au nombre de ces personnes ausquelles ils lisoient leurs vers, pour éprouver si ces vers prenoient . Qu’on me pardonne l’expression favorite de nos poëtes dramatiques. Mais il est des beautez dans ces sortes