Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/348

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ni d’un autre poëme latin. Le public qui peut juger d’Homere aujourd’hui, est encore moins nombreux que le public qui peut juger de l’éneïde. Le public se restraint suivant l’ouvrage dont il est question de juger. Le mot de public est encore ou plus resserré ou plus étendu, suivant les temps et suivant les lieux dont on parle. Il est des siecles et des villes où les connoissances necessaires, pour bien juger d’un ouvrage par son effet, sont plus communes et plus répanduës que dans d’autres. Tel ordre de citoïens qui n’a pas ces lumieres dans une ville de province, les a dans une capitale. Tel ordre de citoïens qui ne les avoit pas au commencement du seiziéme siecle, les avoit à la fin du dix-septiéme. Par exemple, depuis l’établissement des opera, le public, capable de dire son sentiment sur la musique s’est augmenté des trois quarts à Paris. Mais, comme je l’ai déja dit, je ne crains pas que mon lecteur se trompe sur l’extention qu’il conviendra de donner à la signification du mot de public, suivant les occasions où je l’emploïerai. Ma seconde réponse à l’objection tirée des vers de Mithridate, c’est que le