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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/356

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attendent un systême general. Que penser de ces systêmes de poësie, qui, loin d’être fondez sur l’expérience, veulent lui donner le démenti, et qui prétendent nous démontrer que des ouvrages admirez de tous les hommes capables de les entendre depuis deux mille ans, ne sont rien moins qu’admirables. Mieux les hommes se connoissent eux-mêmes et les autres, moins, comme je l’ai déja dit, ils ont de confiance dans toutes ces décisions faites par voïe de spéculation, même dans les matieres qui sont à la rigueur susceptibles de démonstrations géometriques. Monsieur Leibnitz ne se hazarderoit jamais à passer en carosse par un endroit où son cocher l’assureroit ne pouvoir point passer sans verser, même étant à jeûn, quoiqu’on démontrât à ce sçavant homme dans une analyse géometrique de la pente du chemin, et de la hauteur, comme du poids de la voiture, qu’elle ne devroit pas y verser. On en croit l’homme préferablement au philosophe, parce que le philosophe se trompe encore plus facilement que l’homme. S’il est un art qui dépende des spéculations des philosophes, c’est la navigation