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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/357

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en pleine mer. Qu’on demande à nos navigateurs si les vieux pilotes qui n’ont que leur expérience, et si l’on veut leur routine pour tout sçavoir, ne devinent pas mieux dans un voïage de long cours en quel lieu peut être le vaisseau que les mathematiciens nouveaux à la mer , mais qui durant dix ans ont étudié dans leur cabinet toutes les sciences dont s’aide la navigation. Ils répondront qu’ils ne virent jamais ces mathematiciens redresser les pilotes sur l’estime, ailleurs que dans les rélations que ces premiers font imprimer, et ils allegueront le mot du lion de la fable à qui l’on faisoit remarquer un bas-relief où un homme terrassoit un lion ; que les lions n’ont point de sculpteurs. Quand l’archiduc Albert entreprit le fameux siege d’Ostende, il fit venir d’Italie pour être son principal ingénieur, Pompée Targon le premier homme de son temps dans toutes les parties des mathematiques, mais sans expérience. Pompée Targon ne fit rien de ce que sa réputation faisoit attendre. Aucune de ses machines ne réussit, et l’on fut obligé de le congédier après qu’il eut bien dépensé de l’argent et fai