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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/363

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Il est donc comme impossible d’évaluer au juste ce qui doit resulter des irrégularitez heureuses d’un poëte, de son attention à se conformer à certains principes, et de sa négligence à en suivre d’autres. Enfin, combien de fautes la poësie de son stile ne fait-elle point pardonner ? Souvent il arriveroit encore qu’après avoir bien raisonné et bien conclu pour nous, nous aurions mal conclu pour les autres, et ces autres se trouveront être précisément les personnes pour qui le poëte a composé son ouvrage. L’évaluation géometrique du mérite de l’Arioste faite aujourd’hui pour un françois, seroit-elle bonne par rapport aux italiens du seiziéme siecle. Le rang où un dissertateur françois placeroit aujourd’hui l’Arioste en vertu d’une analyse géometrique de son poëme, seroit-il reconnu pour être le rang dû à Messer Ludovico ? Que de calculs, que de combinaisons à faire avant que d’être en droit de tirer la consequence, si l’on veut la tirer juste. Un gros volume in folio suffiroit à peine pour contenir l’analyse exacte de la Phédre de Monsieur Racine, faite suivant cette méthode, et pour apprétier ainsi cette