Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/366

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objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection.

j’entens déja citer les erreurs où le public est tombé dans tous les temps et dans tous les païs sur le mérite des personnes qui remplissent les grandes dignitez, ou qui exercent certaines professions. Pouvez-vous, me dira-t-on, ériger en tribunal infaillible un appretiateur du mérite qui s’est trompé si souvent sur les géneraux, sur les ministres et sur les magistrats, et qui s’est vû obligé tant de fois à retracter le jugement qu’il avoit porté ? Je vais faire deux réponses à cette objection, qui dans le fond est plus ébloüissante que solide. En premier lieu le public se trompe rarement quand il définit en general les personnes qu’on vient de citer comme un exemple de ses injustices, quoiqu’il les louë ou qu’il les blâme à tort quelquefois, sur un évenement particulier. Expliquons cette proposition. Le public ne juge pas du mérite du general