Aller au contenu

Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

celui qui a les yeux meilleurs qu’eux, mais dès que la personne qui s’avance s’est approchée à une distance proportionnée à leur vûë, ils sont tous d’un pareil avis. De même tous les hommes qui jugent par sentiment, se trouvent d’accord un peu plûtôt ou un peu plus tard sur l’effet et sur le mérite d’un ouvrage. Si la conformité d’opinion n’est pas établie parmi eux aussi-tôt qu’il semble qu’elle devroit l’être, c’est que les hommes en opinant sur un poëme ou sur un tableau, ne se bornent pas toujours à dire ce qu’ils sentent et à rapporter quelle impression il fait sur eux. Au lieu de parler simplement et suivant leur apprehension , dont ils ignorent souvent le mérite, ils veulent décider par principes, et comme la plûpart ils ne sont pas capables de s’expliquer méthodiquement, ils embroüillent leurs décisions, et ils se troublent réciproquement dans leurs jugemens. Un peu de temps les met d’accord avec eux-mêmes comme avec les autres.