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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/373

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ont produit quelque chose qui doit être utile ou agréable aux hommes en general, nous connoissons alors sans autre lumiere que celle du sentiment, si le sçavant a réussi. L’ignorant en astronomie connoît aussi-bien que le sçavant, si l’astronome a prédit l’éclipse avec précision, ou si la machine fait l’effet promis par le mathematicien, quoiqu’il ne puisse pas prouver méthodiquement que l’astronome et le mathematicien ont tort, ni dire en quoi ils se sont trompez. S’il est des arts dont les productions tombent sous le sentiment, c’est la peinture, c’est la poësie. Ils n’operent que pour nous toucher. Toute l’exception qu’on puisse alléguer, c’est de dire qu’il est des tableaux et des poëmes dont tout le mérite ne tombe pas sous le sentiment. On ne sçauroit connoître à l’aide du sentiment si la verité est observée dans le tableau historique qui représente le siege d’une place ou la céremonie d’un sacre. Le sentiment seul ne suffit point pour connoître si l’auteur d’un poëme de philosophie raisonne avec justesse, et s’il prouve bien son systême. Le sentiment ne sçauroit juger de