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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/372

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purement spéculatives, son mérite ne tombe point sous le sentiment. Ainsi les personnes qui ont acquis le sçavoir nécessaire pour connoître si l’ouvrage est bon ou mauvais sont les seules qui puissent en juger. Les hommes ne naissent pas avec la connoissance de l’astronomie et de la physique, comme ils naissent avec le sentiment. Ils ne sçauroient juger du mérite d’un ouvrage de physique ou d’astronomie qu’en vertu de leurs connoissances acquises, au lieu qu’ils peuvent juger des vers et des tableaux en vertu de leur discernement naturel. Ainsi les géometres, les médecins et les théologiens, ou ceux qui sans avoir mis l’enseigne de ces sciences ne laissent pas de les sçavoir, sont les seuls qui puissent juger d’un ouvrage qui traite de leur science. Mais tous les hommes peuvent juger des vers et des tableaux, parce que tous les hommes sont sensibles, et que l’effet des vers et des tableaux tombe sous le sentiment. Quoique cette réponse soit sans replique, je ne laisserai pas de la fortifier encore par une refléxion. Dès que les sciences dont j’ai parlé ont operé en vertu de leurs principes, dès qu’elles