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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/381

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nouvelle. Mais les peintres et les poëtes, sans enthousiasme, ne sentent pas celui des autres, et portant leur suffrage par voïe de discussion, ils louent ou ils blâment un ouvrage en general, ils le définissent bon ou mauvais suivant qu’ils le trouvent régulier dans l’analyse qu’ils en font. Peuvent-ils être bons juges du tout quand ils sont mauvais juges de la partie de l’ invention , qui fait le principal mérite des ouvrages, et qui distingue le grand homme du simple artisan. Ainsi les gens du métier jugent mal en general, quoique leurs raisonnemens examinez en particulier se trouvent souvent assez justes, mais ils en font un usage pour lequel les raisonnemens ne sont point faits. Vouloir juger d’un poëme ou d’un tableau en general par voïe de discussion, c’est vouloir mesurer un cercle avec une regle. Qu’on prenne donc un compas, qui est l’instrument propre à le mesurer. En effet, on voit tous les jours des personnes qui jugeroient très-sainement si elles jugeoient d’un ouvrage par voïe de sentiment, se méprendre en prédisant le succès d’une piece dramatique, parce qu’elles ont formé leur pr