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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/382

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ognostic par voïe de discussion. Monsieur Racine et Monsieur Despreaux étoient de ces artisans beaucoup plus capables que les autres hommes de juger des vers et des poëmes. Qui ne croira qu’après s’être encore éclairez réciproquement, ils ne dussent porter des jugemens infaillibles, du moins sur le succès de chaque scéne prise en particulier ? Cependant Monsieur Despreaux avoüoit que très-souvent il étoit arrivé que les jugemens qu’ils portoient après une discussion methodique son ami et lui, sur les divers succès que devoient avoir differentes scénes des tragédies de cet ami, avoient été démentis par l’évenement, et qu’ils avoient même reconnu toujours après l’expérience, que le public avoit eu raison de juger autrement qu’eux. L’un et l’autre, pour prévoir plus certainement l’effet de leurs vers, en étoient venus à une méthode à peu près pareille à celle de Malherbe et de Moliere. Nous avons avancé que les gens du métier étoient encore sujets à tomber dans une autre erreur en formant leur décision. C’est d’avoir trop d’égard dans l’apprétiation génerale d’un ouvrage à la capacité de l’artisan dans la partie de