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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/389

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avec de mauvaises parties être un excellent ouvrage. Il seroit inutile d’expliquer au lecteur, qu’ici comme dans toute cette dissertation, le mot de mauvais s’entend rélativement. On sçait bien, par exemple, que si l’on dit que le coloris d’un tableau de l’école romaine ne vaut rien, cette expression signifie seulement que ce coloris est très-inférieur à celui de plusieurs autres tableaux, soit flamands, soit lombards, dont la réputation est cependant médiocre. On ne pourroit pas sentir la force des expressions d’un tableau, si le coloris en étoit absolument faux et mauvais. Quand on dit que la versification de Corneille est mauvaise par endroits, on veut dire seulement qu’elle est moins soutenuë et plus négligée que celle de plusieurs poëtes reputez des artisans médiocres. Un poëme dont la versification seroit absolument mauvaise, dont chaque vers nous choqueroit, ne parviendroit jamais à nous toucher. Car, comme le dit Quintilien, des phrases qui débutent par blesser l’oreille en la heurtant trop rudement, des phrases, qui, pour ainsi dire, se présentent de mauvaise grace, trouvent la