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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/404

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une critique qui la rabaissoit au rang des pieces médiocres, et qui concluoit à placer l’auteur dans la classe de Boyer et de Pradon. Mais la destinée de Racine a été la même que celle de Quinault. La prédiction de Monsieur Despreaux sur les tragédies de Racine s’est accomplie en son entier. La posterité équitable s’est soulevée en leur faveur. Il en est de même des peintres. Aucun d’eux ne parviendroit que long-temps après sa mort à la distinction qui lui est dûe, si sa destinée demeuroit toujours au pouvoir des autres peintres. Heureusement ses rivaux n’en sont les maîtres que pour un temps. Le public tire peu à peu le procès d’entre leurs mains, et l’examinant lui-même, il rend à chacun la justice qui lui est dûe. Mais, dira-t-on, si ma comédie tombe opprimée des sifflets d’une cabale ennemie, comment le public qui n’entend plus parler de cette piece pourra-t-il lui rendre justice. En premier lieu, je ne crois pas que la cabale puisse faire tomber une bonne piece, quoiqu’elle puisse la siffler. Le grondeur fut sifflé, mais il ne tomba point. En second lieu, cette piece s’imprime et demeure ainsi sous les yeux du public. Un homme d’esprit et d’une profession