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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/417

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beaux jours il vint travailler en France, mais quoi qu’un peu tard, les personnes désinteressées et dont l’avis est conforme à la verité se reconnoissent, et prenant confiance dans un sentiment qu’elles voïent être le sentiment du plus grand nombre, elles se soulevent contre ceux qui voudroient faire marcher de pair deux ouvriers trop inégaux. L’un monte d’un dégré toutes les années tandis que l’autre descend d’un dégré, et ces artisans se trouvent enfin placez à une telle distance, que le public désabusé s’étonne de les avoir vûs à côté l’un de l’autre. Concevons-nous aujourd’hui qu’on ait mis durant un temps Monsieur Mignard à côté de Monsieur Le Brun ? Peut-être que nous serons aussi surpris dans vingt ans, quand nous viendrons à faire refléxion sur les paralelles qui se font aujourd’hui. La même chose est arrivée dans l’école d’Anvers, où le public n’est pas plus connoisseur en peinture qu’à Paris. Avant que Vandyck eut travaillé en Angleterre, les autres peintres lui donnoient des rivaux que le public abusé croïoit voir marcher à côté de lui. Mais cette distance paroît infinie aujourd’hui, parce que chaque jour l’erreur a perdu un partisan, et