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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/418

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que la verité en a gagné un. Lorsque l’école de Rubens étoit dans sa force, les dominiquains d’Anvers voulurent avoir quinze grands tableaux de devotion pour orner la nef de leur église. Vandyck content du prix qu’on proposoit se presenta pour les faire tous. Mais les autres peintres firent suggerer à ces bons peres de partager l’ouvrage et d’emploïer douze des éleves de Rubens, qui paroissoient être à peu près de la même classe. On fit entendre à ces religieux que la diversité des mains rendroit la suite de ces tableaux plus curieuse, et que l’émulation obligeroit encore chaque peintre à se surpasser lui-même dans un ouvrage destiné pour être comparé perpetuellement avec les ouvrages de ses concurrens. Des quinze tableaux Vandyck n’en fit que deux, qui sont la flagellation et le portement de croix. Le public ne pense aujourd’hui qu’avec indignation aux rivaux qu’on donna pour lors à Vandyck. Comme nous avons vû en France plus de poëtes excellens que de grands peintres, le goût naturel pour la poësie a eu plus d’occasions de s’y cultiver que le goût naturel pour la peinture. Si les beaux tableaux sont presque tous renfermez