Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/431

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du tumulte. Il y avoit bien des magistrats préposez pour empêcher le désordre, mais comme il arrive en choses bien plus importantes, il étoit d’usage qu’ils ne fissent pas leur charge. Dans Rome et sous le regne de Tibere, celui de tous ses princes qui sçut le mieux se faire obéïr, il y eut des principaux officiers de la garde de l’empereur tuez ou blessez dans le théatre en voulant y empêcher le désordre, et pour toute punition le sénat donna permission aux préteurs de releguer les auteurs de pareils tumultes. Les empereurs qui vouloient se rendre agréables au peuple, ôtoient même la garde de soldats qu’on mettoit quelquefois aux théatres. Les notres ne sont point sujets à de pareils orages, et le calme et l’ordre y regnent avec une tranquilité qu’il ne sembloit pas possible d’établir dans des assemblées qu’une nation aussi vive que la nôtre forme pour se divertir, et où une partie des citoïens vient armée et l’autre désarmée. On y entend paisiblement de mauvaises pieces, et quelquefois des comédiens qui ne valent pas mieux. Le public ne s’assemble point parmi nous pour juger des poëmes qui ne sont