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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/439

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avec plaisir. Le commerce avec les anciens, que le renouvellement des lettres et l’invention de l’imprimerie trouvée vers le milieu du siecle précedent, mettoient entre les mains de cinq cens personnes pour une qui les lisoit soixante ans auparavant, dégoûtoit de l’art confus de nos vieux romanciers. Ainsi les poesies de Ronsard furent regardées comme une faveur céleste par ses contemporains. S’ils se fussent contentez de dire que ses vers leur plaisoient infiniment et que les peintures dont ils sont remplis les attachoient, quoique les traits n’en fussent pas réguliers, nous n’aurions rien à leur reprocher. Mais il semble qu’ils aïent voulu s’arroger un droit qu’ils n’avoient pas. Il semble qu’ils aïent voulu usurper les droits de la posterité en le proclamant le premier des poetes françois pour leur temps et pour les temps à venir. Il est venu depuis Ronsard des poetes françois qui avoient plus de génie que lui, et qui ont encore composé correctement. Nous avons donc quitté la lecture des ouvrages de Ronsard pour faire notre lecture et notre amusement des ouvrages de ces derniers. Nous les plaçons avec raison fort au-dessus de Ronsard,