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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/447

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stile se corrompe, quoiqu’on abuse de la langue, on ne laisse point d’admirer toujours le stile des auteurs qui ont écrit quand elle étoit dans sa force et dans sa pureté. On continuë à loüer leur noble simplicité, même quand on n’est plus capable de l’imiter ; car c’est souvent par impuissance de faire aussi-bien qu’eux qu’on entreprend de faire mieux. On ne substituë souvent les faux brillans, et les pointes au sens et à la force du discours, que parce qu’il est plus facile d’avoir de l’esprit que d’être à la fois touchant et naturel. Virgile, Horace, Ciceron et Tite-Live ont été lûs avec admiration tant que la langue latine a été une langue vivante, et les écrivains qui ont composé cinq cens ans après ces auteurs, et dans les tems où le stile latin étoit déja corrompu, en font encore plus d’éloge qu’on n’en avoit fait du temps d’Auguste. La veneration pour les auteurs du siecle de Platon a toujours subsisté dans la Grece, malgré la décadence des ouvriers. On admiroit encore ces auteurs comme de grands modeles, deux mille ans après qu’ils avoient écrit et quand on les imitoit si peu. J’en appelle à témoin les grecs qui vinrent nous les expliquer