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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/449

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que nous, ceux des vers de Despreaux et de La Fontaine qui sont passez en proverbes. Ils ont adopté nos bons ouvrages en les traduisant en leur langue. Malgré la jalousie du bel esprit, presque aussi vive de nation à nation que de particulier à particulier, ils mettent quelques-unes de ces traductions au-dessus des ouvrages du même genre qui se composent dans leur patrie. Nos bons poemes, ainsi que ceux d’Homere et de Virgile, sont entrez déja dans cette bibliotheque commune aux nations et dont nous avons parlé. Il est aussi rare dans les païs étrangers de trouver un cabinet sans un Moliere que sans un Terence. Les italiens qui évitent autant qu’ils le peuvent de nous donner des sujets de vanité, peut-être parce qu’ils se croïent tous chargez du soin de notre conduite, ont rendu justice au mérite de nos poetes. Comme nous admirions et comme nous traduisions leurs poetes dans le seiziéme siecle, ils ont admiré et traduit les nôtres dans le dix-septiéme. Ils ont mis en italien les plus belles pieces de nos poetes comiques et de nos poetes tragiques. Castelli secretaire de l’électeur de Brandebourg a mis en italien les œuvres de Moliere, et cette